Je ferme donc vite ma porte, j'allume la prise et puis je me mets dans mon lit...
Pour l'ambiance je glisse le cd (non là je mens, il y était déjà...) de Victoria Abril dans mon poste.
J'éteins la lumière et me laisse bercer tranquillement par la bossa-nova de ma Victoria adorée.
Mais en plus de sa voix que j'aime tant, j'entends comme un bruit, un bourdonnement, non... un miaulement... non... un moustique.
Alors mon premier réflexe est de m'enfouir sous la couette, mais j'ai vite trop chaud, alors je ressors et demande à Victoria d'arrêter de chanter juste un instant...
C'est pas un moustique... C'est un bébé.
Il y a un bébé tout près de moi !
Le bébé des voisins est né !
Oh et je le sens si près, je sentirais presque l'odeur de son front et de son cou tout chaud qui sentent bon... il pourrait presque être là, à côté de moi, je pourrais presque le consoler, presque le prendre dans mes bras... Il est tout près tout près. Il doit avoir faim, et j'entends ses parents qui s'occupent bien de lui.
Il n'y a qu'un mur qui nous sépare.
Et dire qu'il n'y a avait rien qui nous séparait et que... Raaaaa.
fautpasqu'j'ypensefautpasqu'j'ypensefautpasqu'j'ypense.
Alors je repense à ce petit bébé, que j'entends se taire peu à peu... Il pleure vraiment comme un tout petit petit... Il n'a pas deux semaines ce petit là...
Ma soeur elle dit que les bébés ça ressemble à rien. Moi j'dis que c'est pas vrai.
C'est quand même le début de nous.
ça fait drôle de se dire que tous les gens qu'on croise partout on pu être comme ça, aussi insouciants, aussi petits, aussi mignons...
Ce matin il fait gris. Le ciel est blanc gris. Et j'me suis réveillée avec les lèvres rouges et le regard très très bleu. Beaucoup plus bleu que d'habitude.
C'est un bon jour.
Je suis seule jusqu'à 13 heures.
L'ophtalmo m'a dit que je n'avais pas baissé.
Et là j'ai pas mis mes lunettes et les briques rouges de la maison que je vois par la fenêtre, et ben j'arrive pas du tout à bien les voir... Elles arrêtent pas de bouger...
Mais c'est pas grave.
C'est un bon jour.
Et j'ai hâte hâte hâte de retourner au lycée...
Pas vendredi parce qu'il ne sera pas encore vraiment le lycée...
Mais dès lundi midi, c'est partiii.
J'ai quand même hâte d'avoir mon emploi du temps.
Et puis de retrouver toutes ces ptites têtes rassurantes. De commencer une année.
Non, vraiment, tout a changé. Le temps n'est plus le même à mes yeux.
Est-ce parce qu'Elle n'est plus là ou bien parce que j'ai grandi ? Je prends du recul ?
J'aime bien...
Il me paraît très important et en même temps insignifiant.
J'ai hâte de retrouver les couloirs, les récrés, les sièges gris de l'accueil, Tina et son maquillage, l'aquarium sans poissons, les affiches à afficher, la cantine, la cafèt', Brigitte.
Bon, les "fantômes" des souvenirs vont revenir rôder.. ça je le sais.
Je ne pourrais m'empêcher d'avoir le réflexe de regarder dans la cantine des profs si...
Ou bien.. De passer devant la porte bleue/verte et de regarder sous les affiches pour voir qui est assis sur le grand siège gris. Oh je suis désolée si tout ça fait mal à lire. Je ne veux pas... Je suis désolée. Je sais que c'est douloureux.
Il fait gris ce matin. Nous sommes le 1er septembre.
J'aime bien "septembre" comme mot. Je préfère encore mieux "novembre". Et j'adore aussi "décembre". Mais "octobre" est très beau aussi. Octobre est plein de poésie, de feuilles rousses qui tombent... De soleil roux, aaaaaah, de petites feuilles jaunes sur le trottoir de la rue méridienne. De sourires, de projets, d'inspiration, d'idées...
Ah l'année va être bien différente de la précédente...
Il va falloir s'y faire...
Heureusement, il y aura le mardi soir.
(je l'appelle "mardi soir" car je pense qu'il restera le mardi soir).
Mardi est un jour que j'aime bien. La sonorité. J'aime bien. Celui que je n'aime pas (comme sonorité) c'est "jeudi".
Mardi c'est doux.
Le mercredi je ne veux pas y penser. C'est le jour du gris. Et pourtant il restera noir encore longtemps.
je trouve ça fou qu'on ait réussi à vivre tout ça...
Dire qu'il y a un an, on était déjà... NOUS existions.
C'est formidable. Finalement on a vécu beaucoup de choses, on peut attendre un peu.
Là je me sens calme, apaisée. Je regarde le passé non sans émotion. Mais je me sens bien.
Pas triste. Heureuse d'avoir vécu ça. Vraiment.
Maintenant il faut que je regarde droit devant.
Il faut que j'y arrive, que je m'en sorte.
Que j'ai un super relevé de notes.
Et que, dès que le lycée est fini, ILS aient suffisamment confiance en moi pour me laisser faire ce qui me tente.
ELLE m'en a parlé l'autre jour, quand on se baignait. ELLE m'a parlé de ce que je pouvais faire l'année de ma majorité.
J'ai encore un peu de temps pour réflechir mais déjà, le soleil se réveille en moi, je le sens qui s'agite, qui m'appelle.
Les nuages aussi. L'envie de m'envoler, d'aller ailleurs.
De m'en aller dans un envol de couleurs et de promesses.
Cette année là sera la mienne.
La mienne la mienne la mienne.